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Les bases biologiques du bien-être esprit-corps

Au XXIe siècle, la science moderne a prouvé que notre santé dépend largement de ce que nous mettons en œuvre pour nous-mêmes, et non plus seulement des médicaments prescrits par le médecin. Chacun de nous a besoin de savoir comment restaurer naturellement son équilibre corporel tout en allant puiser dans ce que la médecine classique a de meilleur à offrir. En 2005, un rapport de l'Organisation mondiale de la santé annonçait que les principales causes de mal-être dans le monde étaient maintenant les maladies chroniques : affections cardiaques, attaques cérébrales, cancer, diabète, dépression, etc. On a donc besoin aujourd'hui d'une médecine qui profite de toutes les avancées de la science moderne en matière de dépistage précoce des maladies, compréhension de leurs fondements génétiques et interventions chirurgicales précises et ciblées. Mais, elle doit aussi comprendre les mécanismes naturels de la guérison inhérents à chacun d'entre nous, et savoir comment les mettre en œuvre pour contribuer à prévenir le mal et le guérir lorsque nous tombons malades.

Ces 20 dernières années, des études pionnières, portant notamment sur l’épigénétique, sur les techniques de neuro-imagerie pour la compréhension du développement du cerveau et sur la neuroplasticité, la compréhension des mécanismes sous-jacents de stress chronique et ses conséquences psycho-pathologiques, les  explications concernant le fonctionnement du réseau psycho-neuro-endocrino-immunologique,  ont démontré que le bien-être provient fondamentalement des liens étroits entre l'esprit et le corps .

L'épigénétique correspond au domaine se focalisant sur toutes les modifications (ou facteurs) qui ne sont pas codées par la séquence d'ADN (méthylationsprions...). Elle régule l'activité des gènes en facilitant ou en empêchant leur expression. Elle est fondamentale car elle permet une lecture différente d'un même code génétique. Elle explique par exemple les différences existant chez des vrais jumeaux. Certaines régions de l'ADN sont réprimées par des molécules, le plus souvent des groupements méthyles (CH3), de manière à diminuer voire éteindre l'expression d’un gène. Ainsi, l'expression en genre et en nombre des protéines devient propre à chaque tissu.

L'épigénome, à la différence du patrimoine génétique, est variable. Il dépend de plusieurs facteurs tels que l'âge ou l'environnement. Ainsi, il a été démontré que les niveaux de stress de la mère durant la grossesse pouvaient le modifier en profondeur.

L'épigénétique joue un rôle crucial dans de nombreux phénomènes et maladies. Dans le cas de globules blancs défaillants, le sujet sera davantage soumis à des infections. Dans d'autres situations, la mauvaise régulation de certains gènes est capable d'induire un cancer.

Le stress vécu par une génération peut aussi passer par les spermatozoïdes. Des études ont montré que des symptômes de dépression chez des souris mâles adultes induits par un fort stress social peuvent se transmettre par les spermatozoïdes, même après fécondation in vitro. De tels résultats restent à confirmer chez l'homme mais laissent déjà penser qu'un type de déterminisme peut exister dans les spermatozoïdes et se mettre en place bien avant la conception d'un enfant. «Plusieurs mécanismes semblent à l'œuvre pour transmettre à la descendance du père des caractères acquis au cours de sa vie.

Les effets de la famine sur une famille et sa descendance (sur une ou deux générations) font partie des paramètres qui ont été étudiés. Il s’avère que la fréquence de maladies cardiovasculaires/diabète et de décès par cancer était plus élevée.

Suite à des événements stressants (stress prénatal ou séparation maternelle en début de vie), le comportement peut être modifié sur le long terme (anxiété) et transmis à la descendance : un héritage transgénérationnel qu’il faut désormais prendre en considération notamment pour la mise au point de voies thérapeutiques potentielles.

Les modifications des spermatozoïdes chez une souris traumatisée semblent néanmoins réversibles si l'animal est placé dans un milieu enrichi qui le stimule mentalement.

L'Épigénétique

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Le cerveau et son développement

De façon très schématique, nous pouvons dire que nous avons trois cerveaux, comprenant de nombreuses structures reliées entre elles par un réseau complexe de circuits neuronaux: le cerveau archaïque, aussi appelé «reptilien » (tronc cérébral et cervelet), que gère les fonctions primaires liées à la phy­siologie de base (respiration, rythme cardiaque, etc.) et déclenche, face au danger, des comportements instinc­tifs liés à notre survie, les réflexes d'attaque ou de fuite. Le cerveau émotionnel appelé aussi «système limbique » (amygdale, hippocampe, hypothalamus, etc.), impliqué dans les émotions, l'ol­faction, l'apprentissage et la mémoire. Le néocortex, appelé aussi «cerveau supérieur» (divisé en lobes), impliqué dans les fonctions cognitives dites « supérieures » comme la conscience, le langage, les capacités d'apprentissage, etc. De toutes les régions du néocortex, le lobe préfrontal est à l'origine de la réflexion, du raisonnement, de la créativité, de l'ima­gination, de la résolution des problèmes, de la planifi­cation, de la conscience de soi et de l'empathie. Le développement du cerveau débute dès la vie intra-utérine. Durant les premières années de l'enfant, le néocortex est en formation. Il n'exerce pas encore un contrôle complet sur le cerveau archaïque et le cerveau émo­tionnel qui sont alors dominants (l'enfant n'est pas consciente). Une grande partie du cerveau se forme au cours des cinq premières années de la vie mais sa maturation se prolonge jusqu'à la fin de l'adolescence et même beaucoup plus tard, jusque dans la troisième décade de la vie pour certaines régions cérébrales très impor­tantes du lobe frontal, notamment le cortex orbito-frontal et la partie dorso-latérale du cortex préfrontal. Le nombre de cent milliards de cellules nerveuses et dix mille mil­liards de synapses contenues dans le cerveau sont formés très intensément, se défont et se refont en fonction des relations affectives, de l'apprentissage, de toutes les expériences vécues par l'enfant grâce à l'activité épigénétique et à la neuroplasticité. Au cours de l'enfance et de l'adolescence, le cer­veau perd la moitié de ses synapses, il garde les cir­cuits qui sont utilisés et élimine les autres. Cette intense activité de formation des synapses, de mise en place de connexions explique que tout phénomène ou événement susceptible d'altérer la formation de ces circuits a des conséquences majeures sur la vie pré­sente et future.

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La Neuroplasticité

La neuroplasticité - ou plasticité neuronale - peut se définir comme l’ensemble des manifestations traduisant la capacité des neurones à se modifier et se remodeler tout au long de la vie. Tous ces mécanismes contribuent à une adaptation des neurones à un environnement moléculaire, cellulaire et fonctionnel extrêmement changeant et par voie de conséquence à des modifications fonctionnelles. Ainsi, chaque seconde, notre cerveau se modifie en fonction des expériences affectives, psychiques, cognitives que nous vivons. C’est un processus physiologique d’adaptation du système soumis à l'influence de facteurs environnementaux, génétiques ou épigénétiques. Le cerveau peut se transformer pour acquérir de nouvelles notions ou abandonner des notions périmées et des modes de pensée inadéquats. Les situations stressantes entrainent des perturbations de cette capacité du cerveau.

Nous pouvons changer notre cerveau pour le rendre plus efficace face à des situations stressantes par la neuroplasticité  activée à travers les techniques esprit-corps telles que la Mindfulness, l'Hypnose et autres.

La Psycho-Neuro-Endocrino-Immunologie

Le stress c'est quoi ?

La PNEI est le résultat de convergences de grands changements et avancées avant tout dans la découverte puis dans la compréhension du fonctionnement des principaux systèmes adaptatifs (le système nerveux, endocrinien, immunitaire, psychique) et de leurs relations réciproques. Les organismes des mammifères, face à un stimulus (stressor) qu'il soit physique, toxique ou psychique, réagit en activant la réponse de stress, en particulier, le système sympa­thique et l'axe hypothalamus-hypophyse-surrénales, avec surproduction d'adrénaline, noradrénaline et cortisol. Aujourd'hui on a eu la preuve que le cortisol cause sur le cerveau des apoptoses (suicides cellulaires) même dans l'hippocampe humain, endommageant ainsi un système clé lié à des fonctions en corrélation avec la mémoire, la cognition et la régulation neurophysiologique; et que l'hyper cortisolémie modérée de type chronique déplace la réactivité du système sur une polarité (appelée Th2) inadaptée pour contrecarrer des pathologies infec­tieuses et/ou néo-plastiques. Nous avons aussi la démonstration que parvient au système nerveux central un signalement périphérique dense hormonal et immunitaire, qui est en mesure de modifier l'équilibre physiologique du cerveau et par son intermédiaire de l'organisme dans son ensemble. En définitive, la vision de l'organisme humain en tant que réseau structuré et interconnecté, en relation réciproque avec l'environnement physique et social, constitue un modèle scientifique solide et de plus en plus séduisant pour la recherche scientifique avancée et qui peut en même temps représen­ter un modèle pour réorienter des interventions de prévention et de thérapie, efficaces et à moindres coûts.

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L’ eu-stress est une réponse naturelle et utile de notre organisme. Il agit comme une sonnette d'alarme permettant  de repérer les situations dites dangereuses, mobilisant en nous les capacités nécessaires pour trouver des solutions d'adaptation et donc de changement. Si le système d’alarme est bien réglé, il s'enclenche ou se met en veilleuse selon que l'organisme a ou non besoin de lui. Cependant le rythme de nos vies, aujourd’hui, nous éloigne de notre capacité à répondre correctement aux sollicitations extérieures toujours plus oppressantes. Si les réponses ne sont pas adéquates le stress devient néfaste  et : -  nous submerge, ne sachant plus se transformer en  apprentissage pour notre survie; -  corrode notre santé créant une usure dans les systèmes; -  devient omniprésent augmentant le taux de cortisol dans le sang, atteignant la mémoire, notre sommeil, le centre de la faim et modifiant nos humeurs…; - finit par envahir et modifier la lecture de  notre rapport à la réalité, à l'autre, au travail (Burnout), à la famille.

Le stress devenu chronique créera une brisure interne dans notre confort émotionnel.

Les comportements  inadaptés peuvent alors  entraîner de la souffrance: tensions (physiques et/ou psychologiques) allant jusqu’à l’épuisement.

Le résultat étant un état d’inflammation chronique  et d'excitation permanente ayant pour effet que le système de défense naturel de l'organisme devient incontrôlable portant à une série de pathologies : de maladies cardiovasculaires à l'ulcère gastroduodénal; aux maladies auto-immunitaires, comme le psoriasis; aux infections et au cancer; à l’ état anxieux; à la dépression; etc.

 «La dépression, en particulier, n'est pas une maladie mentale, rappelle Pierre Philippot, professeur de psychologie à UCL, c'est un syndrome qui touche l'être dans son intégralité».

 On souffre affectivement, déjà, bien plus que dans une simple déprime : on se sent triste, vide, désespéré, on perd tout intérêt pour ce qui passionnait auparavant.

A ces symptômes viennent s'ajouter des troubles dits « cognitifs » (perte d'attention et de mémoire, incapacité à se concentrer), mais aussi comportementaux (apathie) et physiques (perte ou gain de poids, augmentation du sommeil).

La dépression fait peur à  juste titre, selon l'OMS  elle constitue en 2020 la deuxième cause d'invalidité après les cardiopathies.

Médecine esprit-corps

Les pratiques telles que l'Hypnose ou la Mindfulness, le programme de réponse de relaxation (RR), le Yoga, le Qi Gong, le Tai Chi, etc. sont devenues de plus en plus populaires parmi le public et les chercheurs. Elles sont une caractéristique de la médecine intégrative (IM), car ici, l'intégration des approches psychologiques, médicales, mentales et physiques est clairement visible. Les pratiques esprit-corps sont également fréquemment utilisées comme composantes des interventions en psychothérapie et en médecine du comportement. Les pratiques esprit-corps comprennent une série de méthodes différentes qui ont une chose en commun: elles utilisent toutes une sorte de formation comportementale-mentale et impliquent la modulation des états de conscience afin d'influencer les processus corporels vers une meilleure santé et aussi  un autre bien-être. Ces pratiques sont donc les instruments de la médecine psychosomatique, où les conséquences psychophysiologiques et sanitaires d'états psychologiques spécifiques, comme l'excitation du stress, les traumatismes psychologiques ou la dépression, sont étudiées. Même si nous commençons à peine à comprendre comment les interconnexions entre la psyché et le corps fonctionnent, en raison des dernières connaissances sur les liens immunologiques et endocrinologiques entre le cerveau et la périphérie, en principe, nous avons suffisamment de informations pour comprendre combien les réactions stressantes et apaisantes et les influences positives et négatives peuvent voyager dans les deux sens. Ici comme ailleurs, ces techniques ne seront bénéfiques que si le patient est suffisamment motivé pour activer un  processus de changement,  première étape vers une guérison physique et psychologique.

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